On n’arrĂŞte plus Maxime BERNARD, de l’ASL UIISC1 de Nogent-le-Rotrou !
Après avoir participé à la Race Across Paris du 9 au 12 avril, où il a terminé 9ème au scratch et 1er en handisport, il a été sacré champion de France au championnat national de cyclisme FCD à Brebières le 26 avril.
Quelques jours plus tard, il s’attaque Ă la Race Across Belgium du 7 au 10 mai.
Récit de cette dernière course par Maxime Bernard
“ Mon deuxième ultra de 1000 km en 3 semaines d’intervalle.
Maxime BERNARD
Un pari risquĂ©, car je n’ai absolument aucune idĂ©e si mon corps a rĂ©cupĂ©rĂ© du 1000 de Paris et du championnat de France FCD !
Ces derniers jours ont été intenses sur le plan physique et mental avec le déménagement de notre maison pour les travaux afin de faciliter les accès liés à mon handicap.
Je pars donc vraiment tranquillement, sans pression, j’ai mon Ă©quipe habituelle qui prend le stress Ă ma place, tout va bien !
Je décide même de mettre une double guidoline pour amortir les pavés 15mn avant le départ !
Il n’y a vraiment aucun plan dĂ©fini pour cette course !
Les 150 premiers km sont une succession de bosses comme j’aime, avec un paysage magnifique, je ne vois mĂŞme pas le temps passer, la seule gĂŞne vient des fesses, qui commencent malheureusement dĂ©jĂ Ă me faire mal…
Mon ami militaire belge me fait la surprise au km 250 ! Cela fait du bien au moral, je mange une frite rapidement avec lui pour profiter au maximum de rouler de jour !
Tout va bien jusqu’au km 400, environ Ă 4h du matin ! Je prends la dĂ©cision de continuer jusqu’Ă la base de vie au km 500 ! Après tout, 100 km, c’est rien… Grosse erreur ! Je sais maintenant que ce crĂ©neau horaire de 4h Ă 6h est un enfer pour moi ! Je m’endors… J’avance plus… Un calvaire pour relier la base de vie. Heureusement, le lever du soleil en montant la citadelle de Namur me redonne du baume au cĹ“ur ! Pour que mon GPS me fasse des siennes 100 m plus loin… bref.
Km 496, un secteur pavé sur la Butte du Lion, proche du champ de bataille de Waterloo, je ne suis absolument plus lucide, je veux prendre la bande la plus roulante, je glisse, je guidonne, je tombe dans la terre. Heureusement, je ne casse que le porte-bidon !
L’équipe me voit arriver dans un sale Ă©tat ! Bien pire que Paris ! Massage, strapping d’Ă©paule car la gĂŞne de Paris revient, ravitaillement, ils s’occupent de rĂ©parer les 2-3 bricoles sur le vĂ©lo et 4h de dodo pour purger le sommeil sur une tranche de 36h !
Je repars donc vers 11h30, vent de face !
Une portion plate jusqu’au km 650, mais les fesses me brĂ»lent, je suis Ă vif, en sang, il n’y a plus de plaisir !
Mes amis me motivent par message, ils le savent, je suis dans le dur ! L’appel de ma femme ainsi que mon chef me fait du bien. Le vent est favorable et je retrouve un soupçon de jambes jusqu’au km 720 !
La nuit est dĂ©jĂ lĂ , je veux Ă tout prix rejoindre la cĂ´te au km 820 avant 4h du matin et me reposer 2h, ça c’est sur le papier…
Km 780, cela fait 30 km que je roule le long d’un canal, sans les mains et assis sur le bec de selle pour soulager mon fessier. Je compense de partout, mais mes Ă©paules et genoux sont hyper douloureux !
J’appelle l’équipe ! Je m’arrĂŞte, je suis Ă bout !
J’ai le droit Ă un « dort, et on voit ça au lever du jour ! » Je m’endors en 2s !
6h30, le jour se lève, on discute, il faut prendre une dĂ©cision, il me reste 280 km avec des gros monts pavĂ©es, Paterberg, Koppenberg… et j’en passe…
Panoramix, le surnom de ma kinésithérapeute, me rassure. Elle a vu pire au niveau des genoux ! Mon pote Steven trouve les bons mots pour me motiver. La décision est prise : tester le bonhomme sur 10 km, strapping total des jambes, pansement sur les fesses !
Que c’est douloureux ! La mĂ©canique physiologique met du temps Ă se mettre en place !
Petit Ă petit, je comprends que ça peut aller au bout ! Il y a juste les fesses oĂą c’est très compliquĂ© !
Km 830, pharmacie avec pansement anti-escarres ! Un soulagement immédiat !
Maintenant, il n’y a plus Ă se poser de questions, il faut filer pour arriver avant la nuit !
Km 900, on arrive au dĂ©but du chantier du Tour des Flandres ! Je reprends du plaisir dans ces secteurs qui passent en force et en danseuse ! En plus, il n’y a mĂŞme plus besoin d’ĂŞtre assis pour avoir mal au postĂ©rieur ! GĂ©nial !
Tout se passe bien jusqu’Ă l’arrivĂ©e, j’arrive bien Ă©videmment Ă©puisĂ© après 56h cumulĂ©es, 1060 km et 10 000 m de D+ !
Je finis 16e et 1er handisport. Ce classement reste anecdotique, ma plus grosse victoire sur cette ultra est d’avoir fini !
En effet, j’ai appris bien plus sur moi-mĂŞme, que ce soit sur mes limites physiques ou psychologiques, une expĂ©rience folle qui me servira forcĂ©ment sur ma prochaine saison en ultra-distance !
Je veux maintenant remercier, comme Ă mon habitude, les personnes qui m’ont accompagnĂ© sur cette Ă©preuve !
Mon vélociste Perche Bike pour le prêt du matériel, K7 Bike pour le SL8 !
Même pas peur sur les pavés ! Loïc pour ses roues d’exception !
Yann, Mika et Alexis pour vos messages au meilleur des moments pour Äşe moral !
Mon Ă©quipe de soutien avec Stevie et Panoramix, je vous assure qu’ils ont sauvĂ© ma course !
Et bien sĂ»r, mes deux Ă©quipes l’ASL UIISC1 et la FFZ !
Je devais participer au Savoie Tour Ultra comme l’annĂ©e passĂ©e, nous avons pris la dĂ©cision de ne pas aggraver mon cas et les blessures avec mon Ă©quipe et le staff mĂ©dical.
Je participerai tout de mĂŞme au Savoie Tour sur la Cyclo Élite pour accompagner les copains et surtout pour la cause première de cet Ă©vĂ©nement : les blessĂ©s de l’armĂ©e de terre !
À bientôt ! ”